Sylvie Réno, Marseille

Le carton, tel que l’utilise Sylvie Réno, participe d’une entreprise aussi radicale : la "cartonisation " du monde, ou du moins d’un certain type d’objets du monde. Une pelleteuse pour commencer (1986), des bâteaux à Glasgow (1991), des sous-marins et des tanks (1994), des armes aux États-Unis (1997), encore des armes à New York (2000), une chambre des coffres à Paris (2002), des Soldes sous blister (2002) incluant un lot de huit cutters, un tire-bouchon, un limonadier, trois brosses à dents, une prise multiple, un pistolet à colle. Bref, une production d’objets en carton, de dimensions variables, mais qui se cale très vite dans la reproduction à l’échelle un, d’objets ou, plus souvent, de groupes d’objets, voire d’installations qui oscillent entre deux mondes : d’abord le monde privé de l’artiste - des pièces qu’on pourrait réunir dans la catégorie " Sylvie Réno dans tous ses états " - et puis le monde dit " extérieur ". Flingues, tanks, bâteaux de guerre, Kalachnikovs et autres engins de mort, ici réunis sous le dénominateur commun du carton, perdent ici tout caractère menaçant, pour devenir fragiles et néanmoins " présents ". Ce sont des leurres. Tous ces symboles du pouvoir viril sont donc reproduits par Sylvie Réno dans cette éphémère matière qu’est le carton.
http://www.sextantetplus.org