Pierrick Thébault du collectif L 16, Cyporn, Paris

Les « minimies », avatars de pixels ultra-mignons, en ont marre de jouer les saintes nitouches
sur Cyworld. Dès que vous avez le dos tourné, ils quittent le cyberespace et se réfugient dans un
GameBoy pour prendre un peu de bon temps. En suivant les instructions affi chées à l’écran, les
joueurs les plus curieux auront le malheur de surprendre des ébats pour le moins débridés.
Subversif et impertinent, ce dispositif interactif du collectif llllllllllllllll "L 16" invite une nouvelle fois au voyeurisme ludique tout en détournant de manière radicale l’imagerie du réseau social numéro un en Corée du Sud. Avatars pixellisés, mini-chambres décorées et univers acidulé ont fait le succès de cette plateforme communautaire, fédérant pourtant 90% des 24-29 ans ! Représentés par une figurine innocente, à l’esthétique 8-bits proche de celle des jeux vidéo, ces jeunes adultes évoluent dans un réseau javellisé et ultra-surveillé, exempt de toute sexualité, qui ne manquera pas de surprendre des occidentaux habitués à quelques dérives…
Dénonçant cette infantilisation de l’identité virtuelle, « Cyporn » corrompt l’imagerie « kawaii » et renverse les codes culturels d’un pays où les relations platoniques et la romance écrasent une
sexualité encore stigmatisée. Détournement décalé, cette pièce interactive se pose donc comme
une métaphore du paradoxe coréen et mêle kitsch et « pixel porn » à travers plusieurs décors
parodiques et provocateurs, qui ne laisseront personne indifférent !
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